Réalisateur : Christopher Nolan

Sortie : 2017

Genre : guerre

Nationalité : américain, britannique, français

Synopsis : Le récit de la fameuse évacuation des troupes alliées de Dunkerque en mai 1940.

 

 

Il faut être exigeant avec le Cinéma. Même en été, quand il fait chaud et qu'on a autre chose à faire que de se prendre le chou avec un film. Mais il faut se demander, à chaque fois, ce que tel film apporte au Cinéma, et plus modestement, à soi-même en tant qu'expérience personnelle. Dans le cas de Dunkerque, je me suis demandée ce que ce film apportait aux innombrables films de guerre, et qu'est-ce qu'il m'apportait, à moi. Le fait est que je cherche toujours la réponse à ses deux questions. Mais en même temps, c'est souvent le cas des deux ou trois derniers films de Nolan, avant de trouver quelque chose qui me contente, avec le temps.

 

Mon problème ici, c'est que je ne vois pas où Nolan voulait en venir. Lui qui fait des longs films bavards et complexes dans la narration, a réalisé un film court, avec peu de paroles, et plus complexe dans le style que dans l'écriture. La musique noie 90% des scènes, et si le film est une escalade progressive de tension (en mode Sicario), grâce à une belle maîtrise des effets sonores et des scènes d'action notamment, on dirait que Nolan s'est plus essayé à un simple exercice de style plutôt qu'à une bonne réflexion dont il a le secret.

 

Jusque là, j'ai tendance à réduire Dunkerque à un bon divertissement. La photo est magnifique, on reste accroché à son siège à chaque seconde, et je l'ai déjà dit mais je le répète : le travail sur le son est impressionnant. Nolan n'aime pas les effets spéciaux, et utilise tous les matériaux d'origine possibles pour créer une ressemblance historique quasi parfaite : par exemple, je sais que le son particulier que faisait les avions allemands en piqué était causé par une alarme, reproduite dans le film. Toutes les scènes de batailles aériennes sont particulièrement immersives, et le rendu est crédible, sensible, puissant. S'il y a des FX, on ne les voit pas, et c'est apprécié.

 

Tout cela m'amène à penser que Dunkerque est plus un spectacle à gros budget plutôt qu'un film qui apporte effectivement quelque chose. J'ai aimé le montage, qui croise trois lieux et trois temporalités distinctes (une semaine, un jour, une heure), mais cela est plus ou moins une marque de fabrique de Nolan. De même que le fait de ne pas héroïser ses personnages (sauf peut-être l'aviateur, Tom Hardy, est quelques autres, mais cette héroïsation n'est pas appuyée : c'est autre chose qui compte).

 

Clairement, Nolan a choisi d'axer le point de vue de son film sur les anglais. On voit très peu de français, et encore moins d'allemands, alors que ces soldats étaient partout autour. Les allemands sont une menace invisible qui vient principalement du ciel (visez la métaphore...). Ajoutons à cela une photographie qui varie entre l'ombre et la lumière, et je dirais que le sens de ce film est presque... mystique. Le texte d'ouverture parle de « foi » et de « miracle » : encore un indice.

 

Donc finalement, c'est la tentative de Nolan que je vais retenir : de parler de mysticisme et de choses qu'on ne voit pas, mais qui ont une influence sur l'action des humains (comment résume-t-on les sujets de prédilection d'un réalisateur?). Sauf que dans un film de guerre, ça n'a rien d'original : Terrence Malick l'avait fait avant lui (La Ligne Rouge) et en mieux. Dunkerque reste cependant un bon film, divertissant, intéressant, quoi que pas le plus remarquable de la filmographie de Nolan.

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