Nationalité : français, belge, américain

Sortie : 2015

Réalisateur : Quentin Dupieux

Genre : comédie

Synopsis : Jason Tantra, un cameraman placide, rêve de réaliser son premier film d'horreur. Bob Marshall, un riche producteur, accepte de financer son film à une seule condition : Jason a 48 heures pour trouver le meilleur gémissement de l'histoire du cinéma…

 

 

Il y a quelques années, alors que je travaillais pendant l'été dans un camp de vacances, un de mes collègues (ayant pris connaissance de mon goût pour le cinéma) m'a dit en ces termes : « Tu es cinéphile et tu ne connais pas Rubber ?! », avec l'air de dire « C'est une plaisanterie ou quoi ?! ». Cette réflexion a déclenché deux choses : petit un la colère, parce que personne ne devrait insulter la cinéphilie de personne. Petit deux l'orgueil, parce que je venais d'être insultée, et ma cinéphilie en a prit un coup. Du coup j'ai vu Rubber. C'était marrant, c'était malin, c'était déjanté. Le premier film de Quentin Dupieux que j'ai vu m'a mit une claque magistrale dans la tronche.

Je ne me souviens pas du nom de ce collègue, mais il m'a fait découvrir Rubber, et pour ça je lui en serais infiniment reconnaissante.

 

En ce qui concerne Réalité, j'y suis allée à l'aveugle. Parce que c'est souvent là où il y a les meilleures surprises. Je ne savais pas qui avait réalisé ce truc (mais je l'ai rapidement deviné), je ne savais pas de quoi ça parlait, ni même quel genre ce serait (il y aurait eu des aliens qui débarquaient, je n'aurais pas été surprise). La seule chose dont j'étais plus où moins certaine, c'est qu'il y avait Alain Chabat dedans.

 

Mais Réalité, ça parle de quoi ? Et bien c'est difficile de résumer ça. Si je devais essayer, je dirais que c'est un mélange entre un film de David Lynch (Mulholland Drive ou Lost Highway, au choix) et Rubber. Avec un maximum d'auto-dérision et de clins d’œil au cinéma bis.

À dire vrai je ne sais pas vraiment où placer ce film. Il n'a pas de case, et parfois c'est tellement n'importe quoi qu'on en perd son latin. On peut y trouver n'importe quel sens, n'importe quelle interprétation, de toute façon le but n'est pas de suivre une histoire du point A au point B. Je crois surtout qu'il faut admettre d'emblée que c'est un film, pas la réalité, et que Quentin Dupieux en profite pour appuyer l'incohérence et le non-sens partout où il peut, parce que justement, il le peut. Tout l'intérêt consiste à brouiller la frontière entre réalité et fiction, et entre réalité et rêve.

 

Je pense qu'on peut reprocher à Quentin Dupieux de constamment parler de lui-même, et de faire des films auto-centrés sur son propre métier. C'est peut-être la principale critique qu'on peut lui faire. Mais je ne le vois pas comme ça, principalement parce que j'adore les réalisateurs qui parlent d'eux-mêmes et de leur métier. J'aime Dupieux parce que je le trouve malin, parce qu'il joue avec son scénario et son montage, quand ce n'est pas avec les acteurs ou le placement de ses caméras. C'est quelqu'un qui a de solides références cinématographiques, et aussi une bonne culture philosophique autour du cinéma. C'est un cinéaste subtilement drôle, qui a (en plus de tout le reste) le mérite de me faire oublier momentanément que je n'aime pas le cinéma français. Bref, c'est un cinéaste que j'admire et que je trouve talentueux.

 

Cependant, et je vais terminer là-dessus, Réalité m'a fait moins d'effet que Rubber, peut-être parce que ce dernier a eu le temps de faire son chemin dans ma tête, depuis le moment où je l'ai vu. Réalité mérite d'être vu (ne serait-ce que pour le caméo de Michel Hazanavicius), mais ce n'est probablement pas celui que je choisirai si je devais conseiller un film de Dupieux à quelqu'un qui ne le connaîtrait pas.

 

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