Réalisateur : Kiyoshi Kurosawa

Genre : drame, fantastique

Nationalité : français, belge, japonais

Sortie : 2017

Synopsis : Stéphane, ancien photographe de mode, vit seul avec sa fille qu'il retient auprès de lui dans leur propriété de banlieue. Chaque jour, elle devient son modèle pour de longues séances de pose devant l'objectif, toujours plus éprouvantes. Quand Jean, un nouvel assistant novice, pénètre dans cet univers obscur et dangereux, il réalise peu à peu qu'il va devoir sauver Marie de cette emprise toxique.

 

 

J'ai vu ce film en avant-première (sortie le 8 mars), dans le cadre d'un cours, le 02/02/17, au cinéma Bellecour Lumière, en présence de la presse.

Je ne m'attendais pas à le voir. Ça a été une surprise car, en arrivant sur le lieu de mon prochain cours, on m'a dit « aujourd'hui, on ne va pas faire cours, on va regarder un film. En avant-première ». Vous ne pouvez pas savoir à quel point ma vie est passionnante... (dans le genre : s'il n'y a que ça pour te rendre heureuse...)

 

BREF. Je ne savais donc pas du tout à quoi m'attendre, à part deux choses : c'était un film de Kurosawa (rien à voir avec Akira, cela dit...), et il y avait Tahar Rahim dedans. Ce qui implique donc que le film serait français, probablement tourné en France (ce qui est le cas), et que Kurosawa aux dernières nouvelles ne parle pas un mot de français. Pourquoi donc avoir choisi la France (et plus précisément une banlieue campagnarde des alentours de Paris) pour faire un film qu'il aurait très bien pu faire au Japon ? Et pourquoi avoir choisi Tahar Rahim, Olivier Gourmet et Mathieu Amalric ? Je ne dis pas non, bien sûr, mais c'est juste que ça m'intrigue.

 

Le Secret de la chambre noire est un film de fantômes, et ce n'est pas un spoiler de dire cela : on le sait plus ou moins dans les dix premières minutes du long-métrage. La première chose qui m'a marqué, c'est le traitement du son : Kurosawa possède une maîtrise du silence quasi parfaite, et ce que je trouve encore plus dingue, c'est qu'il arrive à faire hurler le silence. Il faut le voir au moins une fois dans sa vie, c'est glaçant. Sans oublier les travellings et les ralentis, extrêmement efficaces, mais finalement secondaires face au silence.

 

Le cinéaste a écrit un scénario qui parle de fantôme, de vie et de mort, de manipulation de la fille par le père (qui la transforme en poupée désarticulée, sans vie... alors que son truc à elle ce sont les plantes et... la vie). Il y a aussi le thème de la photographie, et des anciennes croyances qui disaient qu'une photo capture l'essence vitale d'une personne. Kurosawa tente constamment de tester la limite entre la vie et la mort, entre réel et fantastique, entre fantasme et réalité. Il éprouve les sentiments de ses personnages, creuse leurs émotions et leurs réactions, les fait passer par la peur, la fascination, le besoin d'avoir un fantôme à ses côtés, le refus du deuil... c'est très complexe, très bien maîtrisé, très beau également (bien que rendu étouffant par le lieu choisi pour le tournage : un huis-clos au sein d'un vieux manoir).

 

Côté casting, et je vais terminer là dessus, Tahar Rahim m'a une fois de plus épaté pour l'étendue de son talent : cet acteur est un vrai caméléon, je me demande quelles sont ses limites. J'ai été surprise et heureuse de découvrir Olivier Gourmet et Mathieu Amalric devant la caméra, bien que j'ai quelques réserves personnelles en ce qui concerne le premier. J'ai toujours eu certaines difficultés avec certains acteurs français, de toute manière... Ah oui, et puis dernière chose : Constance Rousseau, jeune inconnue au bataillon et rôle féminin principal, est largement en dessous du naturel de son coéquipier Tahar Rahim. À certains moments, elle jouait à la limite du faux, et je n'aime pas du tout ça. Je suppose que Kurosawa l'a choisi parce qu'elle avait des yeux très singuliers... pour moi, c'est la seule explication logique.

 

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