Réalisateur : Stefano Sollima

Genre : thriller, action

Nationalité : américain, italien

Sortie : 2018

Synopsis : Les cartels mexicains font régner la terreur à la frontière entre le Mexique et les États-Unis. Rien ni personne ne semble pouvoir les contrer. L'agent fédéral Matt Graver fait de nouveau appel au mystérieux Alejandro pour enlever la jeune Isabela Reyes, fille du baron d'un des plus gros cartels afin de déclencher une guerre fratricide entre les gangs. Mais la situation dégénère et la jeune fille devient un risque potentiel dont il faut se débarrasser. Face à ce choix infâme, Alejandro en vient à remettre en question tout ce pour quoi il se bat depuis des années…

 

J'ai tant de choses à dire ! Mais d'abord, le principal : j'ai bien aimé Sicario 2, mais j'avais adoré Sicario, en comparaison. Donc je vais peut-être adresser des critiques à ce film, mais je veux quand même rappeler que c'est un bon film, et que ça ne m'a pas dérangé de le voir. (ça dérangera, en revanche, si vous n'aimez pas la violence)

Sicario 2 s'ouvre avec de la violence. Brute. De front. On assiste à plusieurs attentats-suicides, commis par l’État Islamique. Accentués par la mise en scène, ces actions te mettent directement dans l'ambiance (chouette, non?!). Et puis ensuite, c'est le truc classique du thriller, où la tension monte, puis redescend, mais pas totalement puisqu'elle remonte ensuite, parfait yo-yo mortel si on est cardiaque. Ceci dit, c'est peut-être moins subtil que dans le film de Villeneuve. Sollima est axé sur le côté gang/violence/toile d'araignée, etc... et pour ça il sait y faire (il a travaillé sur Gomorra, la série italienne qui parle de la mafia...). Mais Villeneuve maîtrisait l'art de la tension comme pas permis. Ses films sont plus longs (ou semblent plus longs), mais ils sont plus aboutis, peut-être à ces plans contemplatifs et cette photo verdâtre...

Mais ne comparons pas ces deux films. Ou au moins pour une dernière chose : Emily Blunt. Elle ne joue pas dans Sicario 2, son rôle est donc absent du film. La présence d'un rôle féminin fort a été supprimé. Il n'y a plus de tampon entre Josh Brolin et Benicio del Toro, ce qui rend le film testostéroné, amputé de son sous-texte féministe, et c'est pas forcément le genre de film qui me plaît. On a bien la présence d'Isabel, mais ce n'est qu'une enfant, donc... On garde le côté « tout-le-monde-il-est-gris » dans les cartels ET les gouvernements, cela dit. Et le constat est sévère.

Après la séance, un petit groupe de rois bénévoles (dont je fais partie) s'est réuni pour parler du film. Nous avons dressé un rapide portrait du film, de son propos sur la violence qui appelle la violence, sur le cercle vicieux des cartels, sur le système américain hypocrite et de ses manières pour contrer la violence. C'était une conversation intéressante, et j'aurais voulu la continuer. Sauf que...j'ai dû quitter la conversation plus tôt, car visiblement, elle partait dans des endroits sombres que je ne voulais pas explorer. Car ma première interlocutrice avouait ne pas savoir différencier tous les pays d'Amérique du Sud (un manque de culture à 60 ans, un peu désolant à travers les yeux d'une jeune de 24 ans, mais bon, passons), et ma seconde interlocutrice a commencé à dire « C'est vrai qu'il y a beaucoup de musulmans aux États-Unis... ». Si j'avais voulu la bagarre, je lui aurait dit que je ne voyais pas le rapport avec le film. Sauf qu'en fait je le voyais bien, le rapport : je sentais que cette femme entrait doucement mais sûrement sur l'amalgame entre terroristes et musulmans, et je ne voulais pas entendre ça. Je ne voulais pas non plus me fâcher contre elle, car les bénévoles, faut pas les contrarier : il y en a beaucoup trop peu, et sans eux la Culture en France n'aurait pas le même visage. Alors je suis partie. Avec un goût amer dans la bouche.

 

Voilà, j'en ai finit avec Sicario 2 (et je compte aller voir le 3ème), enfin presque. Le film est dédié à la mémoire de Johann Johannsson, le compositeur du premier Sicario, mort en février dernier, et qui était clairement un génie en train d'éclore. Et aussi, il y a l'une des dernières scènes avec Benicio del Toro (pas la dernière, celle qui est juste avant... si vous l'avez vu, vous savez de quoi je parle). Cette scène m'a déçue. Elle n'apporte rien au film, à part un putain de clin d’œil au troisième volet, et aucune originalité là dessous.

 

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