Réalisateur : Ruben Östlund

Genre : comédie, drame

Sortie : 2017

Nationalité : suédois, allemand, danois, français

Synopsis : Christian est un père divorcé qui aime consacrer du temps à ses deux enfants. Conservateur apprécié d’un musée d’art contemporain, il fait aussi partie de ces gens qui roulent en voiture électrique et soutiennent les grandes causes humanitaires. Il prépare sa prochaine exposition, intitulée « The Square », autour d’une installation incitant les visiteurs à l’altruisme et leur rappelant leur devoir à l’égard de leurs prochains. Mais il est parfois difficile de vivre en accord avec ses valeurs : quand Christian se fait voler son téléphone portable, sa réaction ne l’honore guère… Au même moment, l’agence de communication du musée lance une campagne surprenante pour The Square : l’accueil est totalement inattendu et plonge Christian dans une crise existentielle.

 

 

Ça, c'est le genre de film qu'on doit regarder sans rien savoir à l'avance. Parfois, j'imagine les circonstances dans lesquelles les jurés du festival de Cannes ont vu ce film. Peut-être à moitié endormis, avec un mal de crâne, mais avec le désir de s'abreuver de films comme on respire de l'oxygène. Je me demande ce qui a tellement secoué ces gens pour l'élire Palme d'or 2017. Peut-être que ça touchait leurs propres réactions de privilégiés ? Ou peut-être bien qu'ils ont pensé au battage médiatique que ce film susciterait, et qu'il ferait bien d'être vu par le plus grand nombre de personnes (privilégiés compris) ? De toute façon, ils sont obligés de penser à ça quand ils entrent en discussion. Ce que je trouve amusant, c'est qu'ils ont élu ce film, qui parle de... bah de plein de choses, mais j'y ai vu une critique grinçante sur la prétention des « riches » à vouloir sauver le monde. Et élire ce film dans un festival aussi classe et prétentieux que celui de Cannes, je trouve ça assez ironique. Les jurés sont des privilégiés, mais au moins, ils ont le sens de l'ironie et ils ont conscience de ce qu'ils sont. C'est une Palme très égocentrique, cette année, non ? Bref, cette réflexion ne me mène à rien, mieux vaut l'abandonner.

 

The Square est un film à l'humour grinçant. Il souffre de quelques longueurs, je trouve. Et c'est pas très facile à regarder si on n'a pas la conscience claire. Et même si on l'a, ça secoue quand même. Et c'est ça qui est bien : que le film dérange. Qu'il pose des questions sans y répondre (quel est le rôle de l'Art?). Qu'il fasse réfléchir. Alors oui, bon, si je veux verser dans la mauvaise foi, je dirais que c'est un film d'intellos, qui s'adresse à des intellos, pour se moquer des intellos. Bref, un film intelligent, qui parle de politique et de social, mais qui aura du mal à toucher beaucoup de monde (mais c'est le cas de la plupart des Palmes d'or, non?). Ceci dit, je ne peux pas me montrer de mauvaise foi bien longtemps, parce que comme je viens de le dire, c'est un film intelligent, et je ne peux pas insulter ça.

 

Le film se déroule dans le milieu de l'art contemporain, mais étrangement il y a peu d'art contemporain, et le peu qu'on en voit est si mal présenté que, évidemment, ça passe pour quelque chose de prétentieux. Voir pire, puisque le film parle aussi des dérives commerciales (notamment publicitaires) de l'art contemporain. Mais on réfléchit, et le sommet du film est atteint lors de la conférence de presse, avec la question du journaliste sur la liberté d'expression. Quoi que... le sommet du film est peut-être le moment d'où est tiré l'affiche ? Celle de la performance artistique ? Elle a de quoi faire réfléchir, celle-là, en tout cas...

 

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